Dans un billet très corrosif publié sur le blog de Wordpress.org vendredi 27 septembre, Matt Mullenweg explique avoir laissé un « sursis » à WP Engine : l'entreprise a encore accès aux ressources de wordpress.org jusqu'au 1er octobre. Mais dès demain 00:01 UTC (soit 2 h heure française), cet accès sera de nouveau coupé.
Le torchon brûle donc toujours dans l’écosystème commercial de WordPress. Matt Mullenweg, qui est à la fois le créateur du logiciel et le responsable de l'entreprise Automattic qui vend des prestations autour, en veut à WP Engine. Selon lui, son concurrent utilise la marque WordPress abusivement, ne contribue pas assez au projet et « profère des menaces juridiques » contre Wordpress.org.
Matt Mullenweg explique faire cette concession après avoir entendu que les clients de WP Engine sont « frustrés » de cette situation.
Commentaires (11)
#1
Il n'a pas vraiment démontré l'usage abusif de la marque et se contente de proférer des accusations. Puis il passe à l'action en faisant justice lui-même (à moins que le droit US ne le permette, je l'ignore).
Quant au "ne contribue pas assez au projet", cela ne repose sur aucune base contractuelle. La GPL v2 n'oblige en rien à contribuer à un projet et je ne pense pas que Wordpress affiche un EULA concernant l'usage des ressources de wordpress.org pour maintenir le produit.
Cette affaire peut se retourner contre eux si WE Engine porte plainte pour concurrence déloyale.
#1.1
Entièrement d'accord avec toi. C'est d'ailleurs la position que je défends dans l'article où le torchon brûle.
Du point de vue juridique, Automattic n'a que très peu d'arguments pour montrer un usage abusif de la marque (le seul point qui pourrait se montrer "valide" pour moi serait l'usage de WP... qui n'est pas protégé !)
Par contre, par le comportement d'Automattic, WP Engine dispose de pas mal d'arguments pour attaquer pour pratiques anticoncurrentielles comme le dénigrement, le "sabotage", le vol de clients ou encore l'appropriation des travaux de la communauté (puisque, pour Automattic, WP Engine devrait avoir son propre catalogue de plugins/thèmes).
100% d'accord. Qui plus est, le comportement d'Automattic, en coupant l'accès à Wordpress.org, est limite au niveau de la licence de Wordpress, et se rapproche, par son comportement, a celui utilisé par TiVo (cf. Tivoïsation), en empêchant l'accès à certaines fonctionnalités de base (accès au catalogue + mise à jour) via des mesures techniques en fonction de l'utilisateur.
#1.2
Si Wordpress n'a pas établi de règles d'usage ou d'offre autour des ressources de wordpress.org (offre gratuite, payante pour les entreprises, base sur les revenus, etc, tout est possible), il ne peuvent s'en prendre qu'à eux-même. Il y aura toujours des pique assiette ou des gens qui viennent les mains dans les poches dans une auberge espagnole, Et si le carton de l'invitation n'explicite pas "amener un truc obligatoirement", l'organisateur ne peut rien dire face à ce comportement.
C'est peut-être triste, mais c'est pour ça qu'écrire les règles du jeu est important. Surtout quand on prend des décisions arbitraires comme couper l'accès à un tiers sans base ni justification solide. Cela me surprend vraiment de leur part.
#1.3
Je n'aurais pas mieux résumé la situation. Mais moral et légal sont deux aspects différents, et pour attaquer en justice, ce sont les aspects légaux qui sont pris en compte, pas les aspects moraux.
D'un point de vue moral, et c'est un avis très personnel et j'admets totalement qu'on puisse en avoir un différent, je trouve que WP Engine abuse en ne contribuant pas. Mais c'était un peu la même chose avec Amazon et Elastic Search par exemple.
D'un point de vue légal, les torts me semblent être surtout du côté d'Automattic dans cette affaire. WP Engine reste dans les limites définies par la GPL (pour le logiciel) et la fondation (dans l'usage de la marque "Wordpress").
#1.4
Et je comprend que tout le monde trouve cela "moralement" discutable car c'est habituellement une tactique des entreprises opposées à l'open-source.
Mais ce n'est pas pour autant que c'est perdu d'avance. L'usage abusif d'une marque déposée ne se limite pas au seul emploi non autorisé des 9 lettres "w o r d p r e s s".
C'est aussi l'usage abusif du nom 'Wordpress' pour promouvoir les produits de 'WP Engine', et donc bénéficier de l'image de la marque 'Wordpress'. Et il faut bien avouer que le site web de WP engine entretient une confusion entre 'WP Engine' et 'WordPress'... Ex: WP engine décrit son activité comme étant 'WordPress hosting' et une instance client est un 'WordPress website'.
Est-ce que Wordpress aurait du penser avant à mieux défendre sa marque ? oui.
Est-ce que c'est trop tard pour le faire ? hmm... je ne sais pas.
Historique des modifications :
Posté le 30/09/2024 à 11h45
Clairement, Matt utilise les lois sur la marque déposée comme arme contre un concurrent.
Et je comprend que tout le monde trouve cela "moralement" discutable car c'est habituellement une tactique des entreprises opposées à l'open-source.
Mais ce n'est pas pour autant que c'est perdu d'avance. L'usage abusif d'une marque déposée ne se limite pas aua l'emploi non autorisé des 9 lettres "w o r d p r e s s".
C'est aussi l'usage abusif du nom 'Wordpress' pour promouvoir les produits de 'WP Engine', et donc bénéficier de l'image de la marque 'Wordpress'. Et il faut bien avouer que le site web de WP engine entretient une confusion entre 'WP Engine' et 'WordPress'... Ex: WP engine décrit son activité comme étant 'WordPress hosting' et une instance client est un 'WordPress website'.
Est-ce que Wordpress aurait du penser avant à mieux défendre sa marque ? oui.
Est-ce que c'est trop tard pour le faire ? hmm... je ne sais pas.
#1.5
Les usages que tu cites sont autorisés par la fondation Wordpress dans l'usage de la marque "WordPress".
Le seul point "valable" concerne l'usage de WP. Mais là encore :
1) il ne s'agit pas d'une marque déposé (ce n'est pas pour autant indéfendable, mais c'est très loin d'être gagné)
2) Si WP devient une "marque d'affiliation", alors TOUS les plugins et thèmes, qui contiennent WP dans leur nom (et il y en a un paquet) et qui ne sont pas affiliés à la fondation Wordpress ou Automattic devront également changer de nom. C'est prendre le risque de se mettre une bonne partie de la communauté à dos.
#2
" they do about half a billion in revenue on top of WordPress and contribute back 40 hours a week,"
"WordPress is a content management system, and the content is sacred. Every change you make to every page, every post, is tracked in a revision system, just like the Wikipedia. This means if you make a mistake, you can always undo it. It also means if you’re trying to figure out why something is on a page, you can see precisely the history and edits that led to it. These revisions are stored in our database.
This is very important, it’s at the core of the user promise of protecting your data, and it’s why WordPress is architected and designed to never lose anything.
WP Engine turns this off. "
https://wordpress.org/news/2024/09/wp-engine/
Et... et alors ? Ils laissent à l'utilisateur le droit de modifier le code pour leur propre besoin, pourquoi ne s'en prennent-ils pas à eux-mêmes ? Qu'ils modifient leurs conditions d'utilisation pour que les grosses entreprises ne soient pas autorisée à modifier le code ou le comportement de Wordpress, si ça les gêne tant que ça!
Leur justification ne tient absolument pas la route, et s'ils se retrouvent devant un tribunal pour non-respect de la licence qu'ils ont accordée, je ne donne pas fort cher de leur peau. Surtout que de leur propre aveu, la boîte derrière WP Engine a les reins financièrement très solides.
Plus largement, le message me semble désastreux à l'intention des entreprises qui seraient tentées de forker WordPress "payez-nous ou bien on vous coupe tout". Sans disposer pour autant des moyens financiers d'un Oracle... De quoi les inciter à aller chercher du côté d'un autre CMS. Pareil pour les particuliers... Qui sera prêt à encore prendre ce risque les yeux fermés ?
Le syndrôme Unity a encore frappé ! Et probablement qu'un rétropédalage s'opérera (pour la même raison: quand t'as pas de monopole, tu n'fais nin de ton malin...).
#2.1
S'il y a modification du code, celui-ci doit être redistribué avec le produit. Là c'est une exigence de la GPLv2 et si c'est vrai, ils sont en potentielle violation.
Par contre, si c'est juste des params qu'ils désactivent (ça j'en sais rien, j'ai pas touché à WP depuis longtemps), ça ne change rien.
#2.2
Ce sont les utilisateurs qui doivent avoir accès à la source. Pas nécessairement tout le monde.
Dans le cas de la GPLv2, les utilisateurs, ici, se sont les clients de WP Engine. Les visiteurs des sites n'ont pas de droits par rapport ça (il aurait fallu une licence de type AGPL dans ce cas).
Dans la mesure où les sites hébergés par WP Engine sont accessibles via FTP, l'accès au code source est donc respecté. Pas de violation de la GPL par WP Engine sur ce point donc.
#2.3
La licence dit :
Donc il faut fournir le code source sous une des formes décrites uniquement en cas de distribution du programme y compris si celui-ci est modifié (§ 6).
Tu l'as dit toi-même : redistribué avec le produit.
Quand tu fais tourner un programme sur tes propres machines (ou du cloud que tu loues), tu ne distribues le code à personne, même pas à tes utilisateurs qui accèdent à distance.
Il n'y a donc aucune obligation de fournir le code modifié. C'est pour cela qu'il aurait mieux valu utiliser l'AGPL. Et dans le cas de l'AGPL, tu ne dois le code modifié qu'à tes utilisateurs.
#3
(*) aussi connue sous le nom de "jurisprudence Obélix"